Restauration française : un été de contrastes et de remises en question

L’été 2025 a mis en évidence les difficultés croissantes du secteur de la restauration commerciale en France. Face à un marché saturé et à des consommateurs plus exigeants, seuls les établissements capables de se réinventer tout en maintenant la qualité semblent tirer leur épingle du jeu.
La fréquentation a été contrastée : baisse notable en bord de mer en raison de prix élevés, mais meilleure performance en montagne et à la campagne, où les offres sont restées plus abordables.
Toutefois, la rentabilité du secteur s’est fortement détériorée, avec une baisse moyenne de 7 % en un an. Les restaurateurs sont confrontés à une hausse généralisée des charges (matières premières, énergie, salaires), à une pénurie de personnel persistante et aux remboursements des prêts garantis par l’État. Un restaurateur sur trois rencontre encore des difficultés à honorer ces échéances.
Dans un contexte d’inflation et de baisse du pouvoir d’achat, même parmi les catégories socio-professionnelles supérieures, il devient difficile de répercuter les hausses de coûts sur les prix, mettant en péril les marges déjà fragiles du secteur.
Selon Bernard Boutboul, président de Gira Conseil, les consommateurs, qu’ils soient français ou étrangers, sont passés en 2025 d’une consommation axée sur le plaisir à tout prix (comme en 2024) à une consommation plus émotionnelle mais raisonnée. « Certains restaurateurs (plutôt saisonniers) ont refait la même erreur que durant l’été 2024 (sur-augmentation des prix de vente) qui ont provoqué des chutes de fréquentations importantes (-15% à -30%) pendant que d’autres ont compris qu’il fallait contre-attaquer avec des offres à marges réduites. Les grands gagnants sont le snacking, les boulangeries et la GMS au détriment des établissements traditionnels en service à table. »
En France, le secteur de la restauration reste fragilisé par une perte de confiance des consommateurs, liée à la baisse de qualité, au manque de personnel qualifié et à des pratiques parfois douteuses. Un tiers des établissements cumule ces difficultés.
Cependant, ceux qui innovent avec des offres adaptées réussissent à fidéliser leur clientèle. Les réseaux sociaux peuvent soutenir cette dynamique, mais ne remplacent ni la qualité ni une gestion rigoureuse.
Dans un marché saturé et ultra-concurrentiel, seule une professionnalisation accrue et un retour aux fondamentaux (qualité, service, maîtrise des coûts) permettront aux restaurateurs de rester compétitifs et durables.